L’esthétique taïno
Le premier art « hispaniolien », celui des Taïnos, nous a légué d’importants éléments. De nombreuses grottes, utilisées pour les rituels religieux et funéraires, s’ornent de dessins et de pétroglyphes ; on y a trouvé des poteries, des céramiques polychromes et des statuettes représentant les dieux de la cosmogonie taïno. À Saint-Domingue, le Museo del Hombre dominicano consacre plusieurs salles à ces découvertes et la Fundación García Arévalo rassemble l’une des plus belles collections de ces œuvres primitives.
Les premières écoles et l’exposition de 1890
L’art dominicain à proprement parler naît après la déclaration d’indépendance de 1844. Les premiers peintres dominicains s’inspirent de leurs homologues européens et se cantonnent aux thèmes académiques. Peu à peu cependant, des œuvres originales, aux sujets purement locaux, voient le jour.
Un pas décisif est franchi avec l’arrivée en 1883 du peintre espagnol Fernández Corredor, fondateur de la première école de peinture du pays ; la capitale accueille en 1890 la première grande exposition nationale. Parmi les artistes les plus en vue à l’époque figurent Luis Desangles (1861-1940), Leopoldo Miguel Navarro (1862-1908) et Abelardo Rodríguez Urdaneta (1870-1933), père de la sculpture dominicaine et photographe.
Comme ailleurs en Amérique latine, la modernité artistique commence dans les années 1930-1940. Trois artistes déterminants émergent alors : Celeste Woss y Gil, Jaime Colson et Yoryi Morel.
Un pas décisif est franchi avec l’arrivée en 1883 du peintre espagnol Fernández Corredor, fondateur de la première école de peinture du pays ; la capitale accueille en 1890 la première grande exposition nationale. Parmi les artistes les plus en vue à l’époque figurent Luis Desangles (1861-1940), Leopoldo Miguel Navarro (1862-1908) et Abelardo Rodríguez Urdaneta (1870-1933), père de la sculpture dominicaine et photographe.
Comme ailleurs en Amérique latine, la modernité artistique commence dans les années 1930-1940. Trois artistes déterminants émergent alors : Celeste Woss y Gil, Jaime Colson et Yoryi Morel.
Celeste Woss y Gil, renouveau et expérimentation
Celeste Woss y Gil (1891-1985) est la fille d’Alejandro Woss y Gil, président de la République à deux reprises (1885 à 1887 puis en 1903). Cet homme brillant et érudit se charge d’abord lui-même de l’éducation de sa fille puis, en 1922, l’envoie étudier à New York, à la Art Students League.
Celeste Woss y Gill étudie l’anatomie et s’initie aux nouvelles formes d’expression artistique. De retour à Saint-Domingue, elle ouvre une école d’art, la Escuela Studio. C’est là, en 1924, que se tient la première exposition d’arts plastiques dominicains consacrée à une femme.
Celeste devient l’une des initiatrices du renouveau et de l’expérimentation dans l’art dominicain. Ses toiles, dont les sujets font scandale, attirent l’attention des critiques : l’artiste prend pour modèles des Dominicaines noires et métisses qu’elle peint nues − une innovation audacieuse en ces temps où les Dominicains, consciemment ou non, ont tendance à occulter leur métissage. En 1931, la peintre ouvre une nouvelle école, l’Academia de Pintura y Dibujo.
Celeste Woss y Gill étudie l’anatomie et s’initie aux nouvelles formes d’expression artistique. De retour à Saint-Domingue, elle ouvre une école d’art, la Escuela Studio. C’est là, en 1924, que se tient la première exposition d’arts plastiques dominicains consacrée à une femme.
Celeste devient l’une des initiatrices du renouveau et de l’expérimentation dans l’art dominicain. Ses toiles, dont les sujets font scandale, attirent l’attention des critiques : l’artiste prend pour modèles des Dominicaines noires et métisses qu’elle peint nues − une innovation audacieuse en ces temps où les Dominicains, consciemment ou non, ont tendance à occulter leur métissage. En 1931, la peintre ouvre une nouvelle école, l’Academia de Pintura y Dibujo.
Jaime Colson l’universel

La fin de la décennie le trouve à Cuba où il enseigne aux futurs grands peintres nationaux, parmi lesquels Mario Carreño. Il rentre à Saint-Domingue en 1950 et Trujillo le nomme directeur général des Beaux-Arts, un poste qu’il n’occupera qu’une année, ayant toujours été rétif à l’administration et désapprouvant la dictature.
Colson est un voyageur. Toute sa vie, il parcourt la planète et les courants artistiques : Europe, Amérique, Caraïbe ; cubisme, surréalisme, néoclassicisme. On a dit de lui qu’il avait une formation européenne et une sensibilité américaine : c’est presque un brevet d’universalité.
Yoryi Morel, peintre de la liberté
Yoryi Morel (1906-1979), autodidacte, se fait connaître lors de sa première exposition, en 1932, comme le peintre de la vie quotidienne des Dominicains. Il fonde l’École des Beaux-Arts de Santiago de los Caballeros et consacre une partie de son temps à enseigner dans cette ville et à Saint-Domingue. Il expose en Europe et en Amérique. Il étonne. Contrairement à Jaime Colson, sa peinture n’est pas une exploration formelle mais une méditation constante sur la vie des hommes et sur la lumière.
Morel, peintre de la liberté doté d’une technique sans faille, compose des paysages, des nus, des portraits et des scènes de genre présentant des figures typiques, femme à la rivière ou enfant des rues. C’est le peintre par excellence de la région du Cibao.
Morel, peintre de la liberté doté d’une technique sans faille, compose des paysages, des nus, des portraits et des scènes de genre présentant des figures typiques, femme à la rivière ou enfant des rues. C’est le peintre par excellence de la région du Cibao.
Artistes d’aujourd’hui
La République dominicaine a donné naissance à quantité d’artistes : Vicente Pimentel, qui vit à Paris, José García Cordero, dont les toiles s’évaluent en dizaines de milliers de dollars, Domingo Liz, un des sculpteurs dominicains les plus en vue, Alonso Cuevas, dont les recherches picturales tentent de percer le secret de la matière des choses, ou encore Fermín Ceballos, dont l’œuvre s’inspire de l’art rupestre des Taïnos.
Oviedo, peintre humaniste
Ramón Oviedo, né en 1927 à Barahona, est le plus célèbre représentant de la génération de 1960. Enfant d’une famille pauvre, obligé de travailler dès l’âge de 9 ans, Oviedo prend peu à peu conscience de sa vocation artistique. Ce cartographe de formation poursuit sa carrière dans la publicité et expose pour la première fois en 1964. L’année suivante, les moments tragiques de l’insurrection populaire face à l’invasion américaine lui inspirent une œuvre phare, 24 de Abril. Un style expressionniste – dessin épuré, palette ténébreuse – et une dimension sociale dénonçant la dureté du quotidien pour le peuple caractérisent cette première période de son art.
Les décennies suivantes voient se succéder de nouvelles explorations thématiques : quête philosophique dans les années 1970, thèmes liés à la culture ancestrale des Taïnos dans les années 1980. Palette et matériaux se diversifient, le langage pictural acquiert une énergie nouvelle ; maturité créatrice et reconnaissance internationale font d’Oviedo l’artiste dominicain contemporain le plus important.
Les décennies suivantes voient se succéder de nouvelles explorations thématiques : quête philosophique dans les années 1970, thèmes liés à la culture ancestrale des Taïnos dans les années 1980. Palette et matériaux se diversifient, le langage pictural acquiert une énergie nouvelle ; maturité créatrice et reconnaissance internationale font d’Oviedo l’artiste dominicain contemporain le plus important.
L’Architecture

À partir de 1492, les colons espagnols introduisent dans l’île des formes et des techniques nouvelles. Édifiée dès la fin du 15e s. selon un plan en damier, la zone coloniale de Saint-Domingue a reçu en 1990 l’hommage de l’Unesco, qui l’a inscrite au patrimoine mondial. Parmi les édifices phares de la capitale, on remarquera la forteresse Ozama, la plus ancienne construction militaire coloniale des Amériques (1502-1507), ainsi que la cathédrale Santa María la Menor (1516-1540), la première du Nouveau Monde, érigée dans un style gothique tardif. Les demeures des premiers colons présentent quant à elles les mêmes caractéristiques stylistiques que celles bâties en Espagne à la même époque avec leur patio intérieur, leurs portes et fenêtres aux encadrements ouvragés et aux grilles de fer forgé, leurs balcons, leur portail massif et leurs toits de tuiles.
Jusqu’au 19e s., le style de construction varie peu. Les Français introduisent toutefois un style néoclassique adapté au climat des tropiques ; les bâtisses s’ouvrent désormais sur la rue et se dotent de balcons en fer forgé et de grandes fenêtres. Durant la première moitié du siècle, de grands travaux sont entrepris pour convertir le style des façades. La ville de Puerto Plata, sur la côte Nord, conserve de beaux ensembles de ce style victorien.
Les réalisations actuelles
Depuis les années 1970, deux projets monumentaux ont marqué l’urbanisme de la capitale. Véritable manifeste culturel, le vaste complexe de la Plaza de la Cultura rassemble dans un écrin de verdure quatre grands musées, le Théâtre national et la Bibliothèque nationale.
Le Faro a Colón, achevé en 1992, pour le 500e anniversaire de la découverte de l’Amérique, abrite le mausolée de Christophe Colomb, un musée et un centre culturel. Cet édifice pharaonique n’en demeure pas moins une bizarrerie que des architectes contemporains de talent, comme Gustavo Luis Moré (Parque Metropolitano de Santiago), Mauricia Domínguez ou Aristides Ramírez Minaya (Centro de los Héroes à Saint-Domingue), peinent à faire oublier, si l’on en juge par le faible niveau des commandes publiques qui leur sont confiées…
À Higüey, sur la côte Est de l’île, la Basílica de la Altagracia, construite selon les normes anticycloniques, affiche une audacieuse façade de béton.
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